Russie. Quand le Net pousse nos jeunes au suicide (2024)

Des communautés virtuelles très actives sur les réseaux sociaux de Russie attirent de plus en plus d’adolescents dans l’engrenage de défis les poussant au suicide. Les cas de passages à l’acte étant fréquents, ces“groupes de la mort” font de plus en plus parlerd’eux.

Moskovski Komsomolets

Réservé aux abonnés Publié le 07 avril 2017 à16h45 Lecture 7 min.

Les “groupes de la mort” ont la cote auprès des adolescents sur les réseaux sociaux. Un cauchemar pour leurs parents et les forces de l’ordre. Qui crée ces groupes et pourquoi? En dépit des technologies censées permettre d’identifier les administrateurs et les idéologues de tout ce système morbide, personne n’a pour l’heure été arrêté oucondamné.

En novembre 2015, la lycéenne Renata Kambolina, 16 ans, originaire de la ville russe d’Oussouriisk [Primorié, Extrême-Orient] et connue sur la Toile sous le nom de Rina Palenkova, s’est jetée sous un train. Aussi cynique que cela puisse paraître, le banal suicide d’une adolescente n’étonne personne de nos jours. Les événements qui ont suivi ont été autrement plus graves et menaçants. Car juste avant de se suicider, la lycéenne a publié un selfie avec le train à l’approche pour toile de fond, sous-titré “Nyaa. Bye” (Nyaa est l’onomatopée du miaulement du chat en japonais et a été popularisé avec lesmangas).

Une communauté vituelle de 197000membres

Cette phrase et l’image de cette jeune fille en général ont donné naissance à un véritable mème dans l’immensité de la Toile mondiale. Des centaines de communautés du réseau social russe VKontakte se sont mises à publier des images et des dessins représentant la suicidée. Parfois, les commentaires étaient insultants ou simplement macabres, mais le plus souvent, l’image de la jeune fille était érigée en exemple àsuivre.

La suite est pire encore. Quelques utilisateurs experts dans la monétisation des mèmes ont créé des communautés fermées proposant des contenus et des défis tout à fait spécifiques. Le système est assez rudimentaire, mais efficace. Une communauté fermée est associée dans l’esprit des adolescents à quelque chose d’élitiste dont il faut absolument faire partie. Les jeunes ont “rappliqué” par centaines de milliers. L’une des plus populaires de ces communautés portées sur le suicide a comptabilisé momentanément plus de 197000 membres(!).

Des challenges qui culminent avec lesuicide

Pour retenir l’attention d’une telle quantité de jeunes utilisateurs, les administrateurs de ces communautés postent des messages ciblés: vidéos et photographies de meurtres, suicides et autres contenus apparentés au gore. Mais leur truc consiste en premier lieu à proposer des challenges particuliers.On invite les participants à résoudre une série d’énigmes et de codes, puis à relever des défis (par exemple, se scarifier les bras pour imiter l’ouverture des veines) avec photos et vidéos à l’appui. Après avoir passé ces étapes élémentaires, les participants doivent conclure le challenge par leur suicide. On leur laisse un certain temps, habituellement une cinquantaine de jours, pour la réflexion et lespréparatifs.

La référence au roman de Stace Kramer 50 Jours avant mon suicide estdirecte. Lorsque l’un des participants refuse, le “meneur” de la communauté qui orchestre le jeu menace la victime de s’en prendre à sa famille et ses amis. Il faut savoir que les membres du groupe livrent volontiers des informations sur eux et leur famille lors de leurs échanges avec le “meneur”. C’est pourquoi il devient relativement facile de manipuler ces adolescents. L’une des dernières victimes de ce jeu cruel est une lycéenne ukrainienne de Marioupol quis’est jetée du treizième étage. Même si la police affirme que son suicide est sans rapport avec les réseaux sociaux, les amis de la jeune fille sont persuadés qu’il s’agissait d’un défi lancé dans unchallenge.

Naturellement, les sceptiques ne pouvaient pas passer à côté d’une affaire aussi retentissante. Certains j

La suite est réservée auxabonnés...

Déjà abonné? Se connecter

Russie. Quand le Net pousse nos jeunes au suicide (3)

  • Accédez à tous les contenus abonnés
  • Soutenez une rédaction indépendante
  • Recevez le Réveil Courrier chaque matin

Sur le même sujet

Russie.Qui sont ces jeunes qui défient Poutine?
Hong Kong.Pourquoi tant de suicides chez les jeunes?

Europe Russie

Source de l’article

Russie. Quand le Net pousse nos jeunes au suicide (6) Moskovski Komsomolets (Almaty)

Moskovski Komsomolets,fleuron de la presse populaire de qualité, possède 57éditions régionales à travers la Russie. Le journal publie également des éditions locales dans 17pays étrangers, parmi lesquels six Etats ex-soviétiques dont leKazakhstan.

Lire la suite

Nos services

Hors-série: Villes, tout ce qui vibre Des nuits de Lisbonne à celles de Medellín, des rues de Shanghai aux toits d’Alger, des bars de Prague aux plages de Dubaï, untour du monde des cultures urbaines. Je commande mon hors-série →
Avant-première Tentez de recevoir une invitation pour deux pour l’avant-première du film «Le Moine et le fusil», le 25juin à 20h au Forum des images à Paris. Je reçois mon invitation →
Gymglish fête l’euro de football À l’occasion du Championnat d’Europe de football, révisez votre allemand avec Gymglish. Je révise mon allemand →
Days of Wonder Tentez de remporter le jeu de société «Les Aventuriers du rail Europe», proposé par l’éditeur de jeux Days of Wonder. Je tente de remporter le jeu →
Russie. Quand le Net pousse nos jeunes au suicide (2024)
Top Articles
Latest Posts
Article information

Author: Manual Maggio

Last Updated:

Views: 6489

Rating: 4.9 / 5 (69 voted)

Reviews: 84% of readers found this page helpful

Author information

Name: Manual Maggio

Birthday: 1998-01-20

Address: 359 Kelvin Stream, Lake Eldonview, MT 33517-1242

Phone: +577037762465

Job: Product Hospitality Supervisor

Hobby: Gardening, Web surfing, Video gaming, Amateur radio, Flag Football, Reading, Table tennis

Introduction: My name is Manual Maggio, I am a thankful, tender, adventurous, delightful, fantastic, proud, graceful person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.